« Pas esclaves mais travailleuses » : les travailleuses immigrées dans les luttes des employées de maison en France, du début des années 1960 au début des années 1980 »

GAUTHIER Enora, « Pas esclaves mais travailleuses » : les travailleuses immigrées dans les luttes des employées de maison en France, du début des années 1960 au début des années 1980 », (Judith Rainhorn – Myriam Paris), Univ. Paris 1 CHS, 2020.

Des années 1960 au début des années 1980, en France, de nombreuses employées de maison sont issues de l’immigration. Malgré les contraintes spécifiques à cet emploi, certaines travailleuses ont tenté de se rassembler pour formuler des revendications voir mener des actions. Etudier la place des femmes immigrées au sein de ces mobilisations est indispensable pour saisir à la fois l’engagement de ces travailleuses, les discours des diverses organisations à leur sujet et les spécificités de ce travail à domicile. En s’appuyant prioritairement sur les archives de la CFDT et de la JOCF, ce mémoire tente de définir l’engagement des employées étrangères, ses limites et les perceptions véhiculées à son sujet par ces deux structures.

La bibliothèque, le maire et le conservateur. Usages politiques de la culture à Saint-Denis 1886 – 1935

EPAIN Jean-Baptiste, La bibliothèque, le maire et le conservateur. Usages politiques de la culture à Saint-Denis 1886 – 1935(Emmanuel Bellanger – Isabelle Lespinet – Moret), Univ. Paris 1 CHS, 2020.

Les collections patrimoniales de la bibliothèque du Centre-Ville de Saint-Denis possèdent un important fonds consacré à la Commune de Paris. Ce fonds trouve son origine dans une exposition sur la Commune de Paris ayant eu lieu sur place en 1935. Elle fut la première dans son genre en France. L’acquisition de documents relatifs à la Commune de Paris par le Musée-bibliothèque municipal de Saint-Denis peut s’expliquer par la forte polarisation politique de la ville pendant l’entre-deux-guerres : communiste depuis 1919, Saint-Denis, centralité de la Seine-Banlieue, située au cœur du bassin industriel parisien, est baptisée « la forteresse rouge ». Pour autant, la constitution de ces collections ne saurait traduire la simple mainmise de pouvoir municipal sur les institutions culturelles de la ville, faisant de la bibliothèque une « couronne extérieure » de la mairie communiste. En premier lieu parce que l’exposition de la Commune est le fait d’un conservateur issu de l’école des chartes, André Barroux, qui s’inscrit dans une tradition ancienne d’historiographie des moments révolutionnaires. En second lieu parce qu’au delà des apparences, la polarisation communiste des fonds de la bibliothèque et des thèmes d’exposition du musée n’est que la continuation d’une série de politiques menées autour du livre et de la lecture auprès des publics ouvriers de Saint-Denis depuis les années 1880. De multiples acteurs (dont font partie les municipalités successives, mais aussi le pouvoir religieux local, les instituteurs, les associations philanthropiques), ont tour à tour œuvré par la promotion de la lecture à la pacification sociale des masses laborieuses, à leur intégration, à leur émancipation ou à leur mobilisation, assignant au livre et à la lecture des fonctions de transformation sociale et politique. Pour la bibliothèque puis pour le musée municipal, une dynastie de chartiste également joué un rôle déterminant : Fernand Bournon (1886-1996), Frédéric Duval (1905-1916), André Barroux (1921-1944). En relation constante avec les institutions nationales, ces trois hommes se sont adaptés aux pouvoirs édilitaires successifs pour développer l’institution dont ils avaient la charge, tout en s’efforçant d’ancrer la population dionysienne dans les valeurs de la République, tantôt contre l’influence de l’Église, tantôt contre celle du bolchévisme. La politique des élus communistes se traduit en conséquence sur deux registres distincts mais concomitants : un registre rhétorique radical, prônant par une rupture révolutionnaire de faire « table rase du passé » ; un registre d’action pragmatique qui se traduit au niveau culturel municipal par le recours à l’expertise de bibliothécaires parisiens, le renforcement des pratiques républicaines et la poursuite des politiques d’éducation populaire amorcées depuis les années 1850.

Les formes et les moyens des comportements résistants dans les camps d’internement de Brens et Saliers de la zone sud en France entre février 1942 et décembre 1944

DUVERLY Cléméntine, Les formes et les moyens des comportements résistants dans les camps d’internement de Brens et Saliers de la zone sud en France entre février 1942 et décembre 1944, (Fabien Théofilakis – Gilzmer Mechtild), Univ. Paris 1 CHS, 2020.

L’étude porte sur les camps d’internement de Saliers et de Brens et plus particulièrement sur les formes et les moyens de résistances à l’intérieur de ces deux camps de zone sud entre février 1942 et décembre 1944. Le sujet de recherche s’intéresse à deux catégories de la population internée en France car considérées comme des éléments « indésirables » par le régime de Vichy ; les femmes qui ne répondent pas à l’idéologie de la Révolution Nationale et les « nomades ». Ce mémoire établit une typologie des comportements et des actions interdits par le règlement intérieur des camps d’internement. Il est également question d’étudier la répression des comportements résistants par l’administration et le personnel des camps. Pour cette étude comparée, nous croisons les points de vue ; internés, gardes, surveillants et administration. Le but est d’interroger les différents acteurs et leur rôle dans l’expérience de l’internement notamment en ce qui concerne la résistance à l’internement. Enfin, nous abordons ce mémoire en partie sous le prisme du genre, ce qui nous permet par exemple d’établir une sociologie de la résistance.

L’entrée au Panthéon de Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay sous la présidence de François Hollande (2012-2017) : protagonistes, représentations et concurrences

BOGA Pénélope, L’entrée au Panthéon de Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay sous la présidence de François Hollande (2012-2017) : protagonistes, représentations et concurrences, (Fabien Theofilakis – Patrick Garcia), Univ. Paris 1 CHS, 2020.

Le chapeau féminin en France du milieu des années 1940 à la fin des années 1960. De l’obligation sociale à l’accessoire de mode : l’histoire culturelle d’un objet en mutation

BLANC Saskia, Le chapeau féminin en France du milieu des années 1940 à la fin des années 1960. De l’obligation sociale à l’accessoire de mode : l’histoire culturelle d’un objet en mutation (Julie Verlaine – Pascale Goetschel), Univ. Paris 1 CHS, 2020.

Entre le milieu des années 1940 et la fin des années 1960, le chapeau féminin vit son dernier âge d’or. Réactualisé après-guerre, son déclin s’accélère au milieu des années 1950. À mesure que la société se modernise et que le système de la mode se renouvelle, la force et le symbole de cet accessoire s’étiolent. D’une norme morale imposée à toutes les femmes, il se mut en véritable accessoire de mode, secondaire voire anecdotique au sein d’une tenue. Peu compatible avec les modes de vie modernes, il s’adapte à la nouvelle génération, les baby-boomers, ses besoins, ses modes de consommation, son système médiatique et culturel. Si les têtes-nues deviennent majoritaires, le chapeau ne disparaît jamais tout à fait. Il s’agit ainsi de percevoir la mutation et l’adaptation du chapeau dans la France des Trente Glorieuses. Fort en signification, son rejet ou son détournement font de cet accessoire l’archétype et le symptôme d’une société en mouvement.