Les Ratonnades d’Alger, 1956

Sylvie Thénault, Les Ratonnades d’Alger, 1956
Une histoire de racisme colonial
, Paris, Seuil, 2022

Alger, samedi 29 décembre 1956. L’Algérie française porte en terre l’un de ses meneurs, Amédée Froger, tué la veille alors qu’il sortait de son domicile. La nouvelle de l’assassinat fait grand bruit, en Algérie mais aussi à Paris, en raison de la personnalité de la victime, haute figure locale de la défense de la cause française. Ses obsèques à Alger  rassemblent des milliers de personnes. Surtout, elles sont l’occasion de violences racistes, que les contemporains nomment « ratonnades ». Elles visent les « musulmans », comme sont appelés les Algériens dans cette société-là.

S’appuyant sur des sources variées, dont des archives policières et judiciaires inédites, Sylvie Thénault enquête sur ces événements pour les inscrire dans la longue durée coloniale. Trop souvent réduites à des actions ponctuelles et paroxystiques, ou associées aux attentats de l’OAS à la toute fin de la guerre, ces violences – non pas celles des autorités et de leurs représentants mais bien celles de Français, nés là-bas – se nourrissent d’un rapport de domination, empruntant à toutes les formes d’oppressions possibles  (économiques, sociales, politiques, juridiques, culturelles) et s’ancrent dans un espace urbain ségrégué.

Sylvie Thénault plonge le lecteur au cœur de la société coloniale algérienne, traversée de brutalités et de peurs, au plus près de cette foule d’anonymes, qui ont été partie prenante de la Guerre  d’indépendance algérienne. C’est ainsi un autre récit de ce conflit qu’offre ce livre.