Les enfants dans l’émigration allemande de 1933 à 1940

PANON Delphine, Les enfants dans l’émigration allemande de 1933 à 1940, Maîtrise [Bruno Groppo, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1995, 180 p.

Ce mémoire constitue l’esquisse d’une synthèse sur le thème des enfants des émigrés allemands ayant trouvé refuge en France pour une durée plus ou moins longue, entre 1933 et 1940, c’est-à-dire de l’avènement d’Hitler à la défaite et au suicide de la IIIe République. Il tente de répondre à un certain nombre de questions à l’aide de trois sources principales que sont les archives diplomatiques, des témoignages autobiographiques et le Pariser Tagezeitung, unique quotidien de la presse émigrée. Combien étaient ces enfants ? Qui étaient-ils ? Quels organismes leur portèrent secours ? Comment s’organisait la vie familiale en exil ? Quelle place tenaient les enfants dans les préoccupations des émigrés ?

Malgré la rareté et le caractère approximatif des données chiffrées sur l’émigration antinazie, il semble que l’émigration enfantine ait été essentiellement une émigration « raciale » : les réfugiés politiques quittaient très rarement l’Allemagne avec leur famille, contrairement aux réfugiés « raciaux ». Du fait de l’augmentation de la proportion de l’émigration « raciale » par rapport à l’émigration politique, le nombre des enfants augmenta progressivement de 1933 à 1940.

Au sein de la nébuleuse d’organismes ayant porté secours aux émigrés allemands, l’OSE, avec son réseau de foyers, et l’Assistance médicale aux enfants du docteur Eisfelder, se distinguèrent par une action particulièrement efficace en faveur des enfants.

Soutenu par des organismes de secours et par les donateurs privés, un certain nombre de foyers accueillit les enfants de réfugiés qui ne pouvaient être pris en charge par leurs parents. L’étude de plusieurs d’entre eux (Maisons-Laffitte, La Brévière, la Goûme, etc.) met en lumière le fonctionnement quasi autarcique de ces petites sociétés, possédant leurs propres codes et leurs propres valeurs.

Enfin, l’intérêt pour les problèmes de l’enfance émigrée se retrouve dans des ouvrages autobiographiques, par le biais des souvenirs de vie familiale, ainsi que dans la presse-émigrée, et notamment dans le Pariser Tagezeitung qui témoigne d’une sensibilité particulière aux thématiques pédagogiques.