Les éditions Copernic : 1976-1982 : « des livres pour la bataille des idées »

ATTRAZIC Lionel, Les éditions Copernic : 1976-1982 : « des livres pour la bataille des idées », Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2003, 166 p.

En octobre 1976, des militants du Groupement de recherche et d’étude pour la civilisation européenne (GRECE) fondent les éditions Copernic. Conformément à sa stratégie métapolitique qui privilégie le combat culturel et doctrinal, le GRECE se dote d’un nouveau moyen de diffuser ses idées. Après les revues — Nouvelle École, Éléments ou encore Nation Armée — et l’entrisme dans la presse conservatrice — Le Spectacle du Monde, Valeurs Actuelles — la Nouvelle droite décide de publier des livres. Les militants du GRECE ont-ils réussi à faire de cette nouvelle structure un véritable instrument métapolitique ? Par instrument métapolitique, nous entendons un outil permettant de favoriser le débat d’idées tout en proposant des livres conformes à une certaine « culture de droite ouverte aux sciences biologiques, élitiste, européenne et germanophile, anti- judéo-chrétienne, tournant le dos au marxisme tout en se proclamant gramscisme de droite » pour reprendre la formule d’Anne-Marie Duranton-Crabol (« Alain de Benoist », in Dictionnnaire des intellectuels français, Paris, Le Seuil, 1996). Ce mémoire s’attache donc à répondre à cette double interrogation en examinant dans une première partie la manière dont la nouvelle maison d’édition est utilisée par ces concepteurs notamment en connexion avec le Figaro dimanche — supplément hebdomadaire du Figaro — où des militants grécistes disposent d’une tribune importante et du soutien sans faille de Louis Pauwels, son dirigeant. Cette synergie leur permet de mener quelques actions métapolitiques réellement efficaces, mais très éphémères – quelques mois. Dans une seconde partie, nous étudions le catalogue en montrant que les dirigeants de Copernic arrivent difficilement à maintenir un cap idéologique résolument gréciste. Enfin, dans une troisième partie nous recherchons les causes de cet échec : essentiellement l’adéquation Hachette-Copernic ainsi que les choix stratégiques trop aventureux de certains leaders du GRECE. Dans ce dernier chapitre, nous dépassons le simple cas des éditions Copernic — qui cessent définitivement de fonctionner en 1982 — pour essayer de mesurer la véritable place de la Nouvelle droite dans le paysage intellectuel français. Nous montrons notamment qu’elle n’est pas parvenue à transformer la sympathie qu’elle suscitait chez de nombreux intellectuels en une franche collaboration.