Une histoire sociale des guerres

Sociétés en guerre

L’histoire des sociétés en guerre s’entend comme une histoire écrite du point de vue des acteurs sociaux. Dans le cas des deux conflits mondiaux, il s’agira de s’intéresser aux anciens combattants qui représentent des groupes numériquement très importants au sein des sociétés européennes. Précisément, l’histoire de la captivité de guerre permet d’ouvrir une réflexion sur les liens entre individus et État, en interrogeant la relation entre cette mobilisation totale et la transformation qui s’opère, à l’échelle de l’individu, dans la perception de son droit à être secouru. Dans les après-guerres, le devenir des prisonniers interroge les sorties de guerre et les phénomènes de démobilisation dans des perspectives comparatives. En situation coloniale, une histoire sociale des guerres implique d’analyser l’impact de la guerre et de ses violences sur des sociétés marquées par des rapports faits de hiérarchisation, de racialisation et de brutalités. En particulier, dans le cas algérien, s’intéresser aux mobilisations et aux violences d’une minorité européenne s’efforçant de maintenir son existence et sa prééminence permet de réinscrire la naissance et le développement de l’OAS dans la longue durée pour en analyser le terreau colonial. Enfin, l’histoire des sociétés en guerre est également celle des guerres civiles, comme dans le cas espagnol où l’historiographie de la guerre et du franquisme est à la fois riche et traversée de vives controverses.

Productions et activités envisagées:

  • Ouvrage sur une histoire subjective de la captivité de guerre au XXe siècle (Fabien Théofilakis)
  • Ouvrage sur les mobilisations et les violences politiques pendant la guerre d’indépendance algérienne (Sylvie Thénault)
  • Projet de recherche: Madrid en guerre (1936-1951), projet MIMECO HAR 2014-52065-P, hébergé à l’université Complutense de Madrid (2014-2018) (Charlotte Vorms)
Guerres, après-guerres, justice

L’histoire des guerres et après-guerres inclut trois conflits centraux du XXe siècle. Elle concernera d’abord la Première Guerre mondiale, dont l’analyse de l’échec du Traité de Versailles. En matière d’histoire de la justice, elle prendra pour objet les procès postérieurs aux conflits, en particulier celui d’Eichmann. L’analyse des notes et écrits que ce dernier a produits à Jérusalem, de son arrivée en mai 1960 jusqu’à son exécution deux ans plus tard, nourrit un questionnement centré sur les rapports entre histoire et justice à partir des stratégies de défense de l’accusé/accusation. Par le biais de l’arène judiciaire, il s’agira d’aborder la justification d’un génocidaire et d’estimer de l’actualité du nazisme quinze ans après sa défaite totale. Enfin, l’étude des rapports entre justice et histoire pourra prendre pour objet l’implication même des institutions judiciaires et de leurs acteurs, notamment les magistrats et les avocats, dans les conflits, comme, par exemple, pendant la guerre d’indépendance algérienne.

Productions et activités envisagées:

  • Articles sur les avocats et la défense pendant la guerre d’indépendance algérienne (Sylvie Thénault)
  • Ouvrage sur le Traité de Versailles (Patrick Weil)
  • Ouvrage sur le procès Eichmann (Fabien Théofilakis)
  • Participation à l’ANR junior dirigée par Vanessa Voisin, «WW2 Crimes on trial» (Fabien Théofilakis)