La première « Bataille socialiste » : histoire et portrait d’une tendance dans le Parti socialiste SFIO (1927-1935)

GEORGI Franck, La première « Bataille socialiste » : histoire et portrait d’une tendance dans le Parti socialiste SFIO (1927-1935), Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1983, 242 p.

À la différence d’autres « tendances » au sein de la SFIO, la « Bataille socialiste » n’a pas jusqu’ici particulièrement retenu l’attention des chercheurs. Pourtant, la tendance animée par J. Zyromski a joué un rôle déterminant dans l’évolution du socialisme français de l’entre-deux-guerres. Par son action, elle a puissamment contribué à vaincre les éléments réformistes du Parti qui, par deux fois, ont failli entraîner la SFIO dans la voie de la participation gouvernementale. Gardienne de l’orthodoxie doctrinale, la B.S. fut l’adversaire déterminé des « néo-socialiste » et obtint leur exclusion en 1933. Enfin, à partir de 1934, la tendance pèse de tout son poids afin que le Parti socialiste s’engage dans la voie de l’unité avec le Parti communiste avant de militer activement en faveur de la constitution d’un Front populaire.

Ce mémoire est basé sur des sources diverses : archives personnelles de J. Zyromski — tout récemment ouvertes eu public —, Archives nationales, collection complète du journal de la tendance, la Bataille socialiste, rapports de congrès, presse, brochures, témoignages, etc. Il se propose d’étudier la B.S. de sa naissance en 1927 à la défection de Marceau Pivert en 1935 : après cette date, la tendance et le journal changent de visage. La « première » bataille historique sera appréhendée dans sa dimension historique et dans sa dimension structurelle. La « première » Bataille socialiste sera appréhendée dans sa dimension historique et dans sa dimension structurelle. La partie chronologique s’efforce d’articuler l’histoire de la tendance avec celle du parti : date charnière pour la SFIO des années trente, le six février 1934 est aussi le moment où la Bataille bascule de la défensive à l’offensive, du combat contre la collaboration de classes à la lutte active pour l’unité et la prise révolutionnaire du pouvoir. Une autre partie, plus synthétique, essaie de faire ressortir un certain nombre de réalités structurelles touchant au journal, aux militants, à l’implantation, à l’influence, à l’idéologie, aux liens de la B.S. avec l’appareil du Parti.

Enfin, l’étude éclaire un certain nombre d’aspects jusqu’ici laissés dans l’ombre : recherche des origines de la B.S. à partir de 1924, rapports avec le planisme, le syndicalisme, etc. La première B.S. apparaît comme une réalité complexe, hétérogène, qui désigne à la fois le rassemblement le plus large des antiparticipationnistes — dont P. Faure — et une tendance de gauche originale, toujours présente, incarnée par Zyromski. Celle-ci poursuivra son chemin seule à partir des années de 1936, après que ses prises de position des années 1934-1935 eurent éloigné d’elle, successivement, modérés (P. Faure) et pacifistes révolutionnaires (M. Pivert).