La construction de la catégorie des personnes handicapées en France

KEIGNAERT Sandie, La construction de la catégorie des personnes handicapées en France, Maîtrise [Claude Pennetier, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 144 p.+ annexes

Aujourd’hui selon l’enquête décennale de l’INSEE de 1991, concernant toutes les tranches d’âges de la population, on recense, en France, 5, 5 millions de personnes qui déclarent avoir un handicap ou subir une gêne dans la vie quotidienne. Comment s’est constituée cette catégorie de personnes dites handicapées ? Quel a été le processus qui a permis le passage de l’infirmité d’antan au handicap d’aujourd’ui ? On trouve aux origines de l’élaboration du concept de handicap certaines notions telles la rééducation, et réadaptation. L’idée de rééducation s’est d’abord appliquée aux déficients sensoriels. Au-delà de l’idée de rééducation nous trouvons le concept de la réadaptation. Ce dernier va simultanément s’appliquer à deux catégories de diminués bien distinctes : les mutilés de guerre et les accidentés du travail. À la fin de la guerre de 1914-1918 avec le retour d’hommes diminués, les « mutilés », la redevance sociale se fait sentir, y compris sous la forme d’une culpabilité collective, associée à un impératif économique, ne pas laisser hors de la production les mutilés qui réclament la reprise d’une place sociale, des droits à réparation et compensation. Ensuite vient la question, des accidentés du travail, une question parallèle à la précédente. L’industrie, avec son caractère non réglementé et son exploitation des hommes, abîme et casse un nombre considérable de citoyens. L’obligation de réparer et plus tard de compenser les atteintes qu’ont produites les risques du travail se fait sentir. On constate dès lors, une homogénéisation de la déficience autour des techniques réadaptatives qui désormais s’appliquent également aux tuberculeux et aux enfants inadaptés. Le problème l’assistance des infirmes civils est lui aussi pris en compte par les pouvoirs publics.

Ainsi une nouvelle volonté se lève : il faut faciliter le retour dans la course de tous ceux qui en sont écartés pour raison d’une infirmité quelconque. C’est dans ce contexte qu’il convient d’analyser l’apparition du vocabulaire du handicap. Emprunté au monde turfiste, ce vocabulaire traduit l’idée d’égalisation des chances et considère les aptitudes restantes des déficients quelle que soit l’origine de l’infirmité. Une fois ce vocabulaire institué, la population concernée repérée, reste à mettre en place les mesures destinées à favoriser l’accession de cette dernière a une vie en milieu ordinaire par opposition au milieu institutionnel. Il s’agit d’aider à l’insertion sociale et professionnelle des handicapés, chose que les associations de personnes handicapées revendiquent depuis longtemps. Une politique d’action sociale globale est décidée par le gouvernement dont l’objectif premier est d’apprcher et de traiter la question du handicap dans son ensemble. Cette politique aboutit, ainsi, à la mise en place d’une loi d’orientation en faveur des personnes handicapées du 30 juin 1975, véritable date-phare en la matière.