La candidature de Daniel Cohn-Bendit aux élections européennes du 13 juin 1999 : retour d’un mythe français très médiatique

DAVID Julia, La candidature de Daniel Cohn-Bendit aux élections européennes du 13 juin 1999 : retour d’un mythe français très médiatique, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 166 p.

Provoquant un véritable court-circuit temporel, le retour sur la scène politique française à l’occasion des élections européennes du 13 juin 1999 de l’ancien leader étudiant de Mai 68, Daniel Cohn-Bendit, ne va cesser de susciter le débat, d’agiter les cénacles journalistiques, de diviser les opinions. Grondements du sol et raz de ­marée, l’irruption de « Dany » engendre des remous médiatiques véritablement vol­caniques. Tel le phœnix de la fable renaissant de ses cendres, « l’anarchiste allemand » l’affirme : « Je suis venu boucler la boucle ». Les journalistes sont au rendez-vous et l’accueillent comme un véritable « Messie d’outre-Rhin ». Pour autant, par-delà l’intérêt évident, la petite musique médiatique est loin d’être monocorde et les journalistes semblent emportés dans un maelstrom des plus confus. Entre ceux qui y voient une occasion de nouveau monde et s’abîment dans la révérence, et ceux qui fustigent le retour des vieilleries soixante-huitardes repeintes aux couleurs du jour et posent Daniel Cohn-Bendit en parangon de la pensée unique, les orientations les plus diverses se manifestent. Fulgurances et ravissement, tensions et relâchements, la gamme des variations et des ambigüités se déclinent à l’infini. Mais toutes puisent, de la « Cohn-Benditomania » ardente au persifflage militant, dans le même arsenal imaginaire. Véritables rhapsodes modernes, tout à la fois déchiffreurs et ourdisseurs du mythe Cohn-Bendit, les médias feront preuve d’une maestria de conteurs. L’objet du mémoire est d’éclairer les arcanes de cette structure labyrinthique qu’est le monde des représentations et de comprendre comment s’opère la manipulation des ressources symboliques : quel rôle jouent les médias dans ce processus concret qu’est la cristallisation d’une mémoire collective, d’une « communauté imaginaire ».