ROUSSARIE Nathalie, Hommes et femmes devant les cours de justice de la Seine : juin 1946-novembre 1947, Maîtrise [Claire Andrieu, Denis Peschanski], Univ. Paris 1 CHS, 2004, 148 p.
L’évocation de la collaboration et de l’épuration provoque aujourd’hui encore beaucoup de questions. Pourquoi ? Ils sont des milliers d’hommes et de femmes à avoir été jugés par les Cours de justice de la Seine. Qui étaient ces gens ordinaires, dont personne ne connaissait le nom et qui n’auraient pas dû sortir de cet anonymat, s’ils avaient vécu à une autre époque ? À partir de quelques registres d’arrêts de ces Cours, entre juin 1946 et novembre 1947, nous avons sélectionné des dossiers individuels, mais en choisissant ceux qui comprenaient des hommes et des femmes condamnés à propos de leur engagement commun dans un fait relevant de l’accusation de collaboration, pour mettre en évidence la relation des uns et des autres dans ces circonstances particulières. Après avoir observé, d’abord, comment fonctionnaient les Cours de justice, nous avons cherché à savoir qui étaient ces gens, de quoi ils étaient accusés et à quoi ils étaient condamnés. En nous appuyant sur l’étude des dossiers individuels et à partir d’exemples précis, nous avons recherché ensuite comment et pourquoi ils avaient choisi la collaboration, comment fonctionnait un réseau de renseignements français au service de l’Allemagne, enfin nous avons étudié leurs comportements et les répercutions sur leur vie personnelle ou familiale. Nous y avons trouvé des femmes hors normes, des hommes qui avaient perdu leurs repères, une société à la dérive. Au-delà des sentiments de répulsion, ou de pitié qu’ils inspirent, ii nous a semblé utile d’essayer de les écouter, même si le choix des Archives judiciaires incite à une certaine prudence dans les conclusions que nous pouvons en tirer.