Un lieu de mémoire : le mur des Fédérés (1898-1936)

LEON Baptiste, Un lieu de mémoire : le mur des Fédérés (1898-1936), Maîtrise [Franck Georgi, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1997, 163 p.

Étudier le « Mur des Fédérés » comme lieu de mémoire de 1898 à 1936, c’est étudier les manifestations commémoratives de l’anniversaire de la « Semaine sanglante ». Pendant longtemps, ces démonstrations furent pour les socialistes et les communistes, les seules occasions légales de manifester dans la capitale. Un cadre spatio-temporel bien défini, une fréquence annuelle, un déroulement — par maints aspects — rituel, l’ancrage dans une tradition propre au peuple socialiste et communiste parisien, une place de choix dans la mémoire collective du mouvement-ouvrier français, faisaient des manifestations du « Mur des Fédérés » un objet d’étude singulier. L’étude repose sur des sources de différentes natures : dossiers et rapports de police aux Archives nationales et aux Archives de la Préfecture de police, mais aussi presse quotidienne socialiste et communiste : La Petite République de 1898 à 1904, l’Humanité de 1904 à 1936, et Le Populaire de 1921 à 1936.

Nous avons décrit ces manifestants qui, chaque année, s’efforçaient de sauver la « Semaine sanglante » de l’amnésie nationale ; puis, en portant notre attention du côté des organisateurs des manifestations, de ceux qui donnent du sens à l’action, nous avons essayé de comprendre les mécanismes et les raisons qui présidaient au déroulement des opérations ; dès lors, nous pouvions exposer les enjeux idéologiques et politiques d’un lieu de mémoire, témoin des relations mouvementées entre les différentes familles socialistes jusqu’à l’unité de 1905, puis entre socialistes et communistes après la scission de Tours. Il s’agissait de comprendre comment un lieu d’Histoire était devenu lieu de Memoire, mémoire de la Commune, mais aussi, comme en abîme, mémoire des manifestations du « Mur des Fédérés », elles-mêmes.