Le quartier des Halles sous le regard de la police : étude des répertoires analytiques de 1934 à 1941

GENET Justine, Le quartier des Halles sous le regard de la police : étude des répertoires analytiques de 1934 à 1941, Maîtrise [Claire Andrieu, Denis Peschanski], Univ. Paris 1 CHS, 2003, 2 vol. : 99 p.+ 42 p. d’annexes

Le quartier des Halles a représenté un lieu unique de la capitale par son marché, principale source d’approvisionnement de l’agglomération parisienne depuis le Moyen Âge. Son étude, entre 1934 et 1941, sous le regard de la police, peut apparaître comme un angle original d’observation de la vie locale, notamment à travers les mains courantes (M.C.). Ces dernières se présentent sous la forme de recueils dans lesquels les policiers inscrivent l’ensemble des plaintes, arrestations et dépositions de personnes, victimes ou accusés d’un délit ou d’une infraction avec la justice civile et pénale, déposés ou recueillis par les agents lors de leur ronde dans le quartier. Cependant, les M.C. posent un problème de définition qui amène à conclure qu’il s’agit, en fait, de répertoires analytiques (R.A.). Aux Halles, se côtoient une population pauvre, avec ses manœuvres, ses prostituées, ses étrangers et une bourgeoisie marchande. Il y règne une effervescence qui favorise les petits délits, tels que les vols de marchandises, d’argent, la prostitution dans une période où la crise économique affecte de plus en plus les gens. Les tensions sociales viennent altérer la convivialité et la solidarité qui demeurent au sein du marché. Par ailleurs, l’approche de la guerre oblige les habitants à modifier leur mode de vie en appliquant les mesures de protection. La déclaration de guerre en septembre 1939 provoque la panique générale et la fuite. On refuse la guerre et reporte alors la faute sur les policiers. L’Occupation allemande amène la faim, la pénurie dans le quartier. On manque de tout, mais surtout de nourriture, malgré les cartes de rationnement. Le marché et les Grands Magasins sont victimes de vols encore plus nombreux. On s’adapte comme on peut aux lois allemandes, aux dures conditions de vie avec le troc, le marché noir, mais on accepte de moins en moins cette présence de l’occupant et on outrage alors les policiers. Ces derniers doivent pourtant continuer d’appliquer la loi et de faire régner l’ordre dans une atmosphère de plus en plus lourde. Le quartier des Halles possède donc une mémoire qui lui est véritablement spécifique et qui s’en est allée avec la disparition de ses halles centrales en 1962.