La Gueule Ouverte, 1972-1977. Écologie politique versus capitalisme

SARABANDO Stéphanie, La Gueule Ouverte, 1972-1977. Écologie politique versus capitalisme, Maîtrise [Franck Georgi, Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2002

L’écologie politique est le fruit d’une prise de conscience de scientifiques des effets perverts d’une industrialisation massive qui s’exerce sans vergogne sur la nature. À l’aube des années soixante-dix, de nouveaux penseurs comme Ivan Illich ou René Dumont donnent la lumière à des essais qui remettent en question les vertus de la société technicienne tout en élaborant une pensée basée sur une politique écologique dans le but de guérir le mal dont souffre la planète. Pléthore d’opuscules essaiment sur la scène journalistique. Cependant, leur impact s’avère plus que squeletique comparé à La Gueule Ouverte ou au Sauvage qui font leur appartition en novembre 1972 et en avril 1973. La Gueule Ouverte est créee par Pierre Fournier, collaborateur au journal Hara Kiri, puis Charlie Hebdo : Lors de sa fondation, le journal a bénéficié de l’impact de la grande manifestion pacifiste de Bugey dans l’Ain en juin 1971 dont Pierre Fournier a été le principal instigateur. Issu dune équipe d’origine « bête et méchante », le journal « qui annonce la fin du monde », comme le dit son sous-titre est un périodique satirique. La Gueule Ouverte a pour nette ambition d’une part d’informer le public en matière d’écologie et d’autre part, d’agir sur le terrain par la suite, et ce à travers un discours particulièrement alarmiste et pessimiste. Destiné au Français moyen, le périodique doit se contenter d’une frange marginale de lecteurs fidèles. Il se distingue des autres journaux en divulguant ce que tait habituellement la presse généraliste sur l’écologie ou en boycottant la publicité, cette prostituée… À travers la caricature, le journal n’ésite pas à cracher sur les grandes figures du pouvoir comme celle du président de la Republique du CR tandis que l’on exalte des valeurs plus anticonformistes via I’inversion des rôles entre dominants et dominés.

Thème cher à La Gueule Ouverte, l’environnement ne cesse de préoccuper ses collaborateurs en dénonçant les dégâts — y compris futurs — de la pollution et de l’énergie atomique dans un contexte international de fin de guerre froide. Parmi les autres soucis, le pacifisme est un thème récurrent dans la mesure où l’État exhibe ses troupes notamment sur le plateau du Larzac. La société de consommation est contestée, elle s’avère être constamment traînée dans la boue alors que l’on défend la cause des minorités ou du tiers-monde. Hormis ces sujets, des thèmes hétéroclites comme l’écoféminisme ou I’urbanisme habillent également les colonnes du journal. La Gueule Ouverte ne manque pas non plus de relater le déroulement des manifestatiobs qui ont marqué les années soixante-dix.

En outre, l’originalité de ce journal repose sur son aptitude à proposer des solutions. L’équipe du journal témoigne ainsi d’une philosophie verte qui invite à « faire un pas de côté » pour atteindre un certain art de vivre plus humain.