La Délégation officielle française auprès de la Deutsche Arbeitsfront (1943-1945)

ARNAUD Patrice, La Délégation officielle française auprès de la Deutsche Arbeitsfront (1943-1945), Maîtrise [Claire Andrieu, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1995, 334 p.

La Délégation officielle française (DOF) auprès de la deutsche Arbeitsfront est une administration de composition largement française créée au sein du front allemand du travail après l’accord de mai 1943 entre Gaston Bruneton, commissaire général à la main-d’œuvre française en Allemagne, et le Reichsleiter Mende. Ce mémoire nous a permis de mettre en relief l’existence dans le me Reich d’un système d’assistance aux travailleurs étrangers, fondé sur l’idéologie nazie d’une hiérarchie entre les races, ainsi que le fonctionnement interne de la polycratie nazie, dont deux caractéristiques sont la compartimentation verticale entre différents services se disputant des prérogatives similaires et une forte autonomie régionale qui engendre un remarquable décalage entre le centre et la périphérie. La DOF, intriquée dans l’administration nazie, puisque ses membres avaient statut de membres associés à la fonction publique, a ainsi copié les dysfonctionnements de ce système, permettant aux services allemands de jouer le rôle de régulateurs des conflits internes à la délégation.

En outre, à partir du congrès de Dresde d’avril 1944, la DOF dut se plier aux demandes des Allemands qui exigèrent son engagement explicite aux côtés du IIIe Reich en guerre. Ce processus de radicalisation progressive se conclut, pour une partie des membres de la DOF qui ne refusèrent pas cette dérive, dans l’acceptation de la cobelligérance à travers le rapprochement avec le comité de libération de Doriot le 20 février 1945. L’importance numérique de la DOF (11 000 délégués, 900 membres) nous a cependant conduits à nuancer l’idée d’une ligne politique unique des membres des services Bruneton et donc à distinguer les diverses réactions des acteurs, suivant les régions et le temps, en utilisant des exemples individuels comme autant de bornes entre lesquelles pouvait exister un continuum de toutes les attitudes possibles.