Histoire des sensibilités au 20e siècle

Christophe Granger (dir.), « Histoire des sensibilités au 20e siècle » (dossier), Vingtième siècle. Revue d’histoire, n° 123, juillet-septembre 2014, p. 3-191

La question des sensibilités n’a guère inspiré les historiens spécialistes du 20e siècle. Malgré les exhortations fameuses de Lucien Febvre, et malgré le sillon tracé pour le siècle précédent par Alain Corbin, ils n’ont pas encore daigné se saisir systématiquement des sens, des sentiments, des dégoûts ou de l’usage public des émotions. Or ce siècle, pétri de bouleversements inouïs en la matière, ne saurait longtemps se comprendre à l’écart de ce territoire exigeant.

C’est toute l’ambition, et tout le défi, de ce numéro spécial de Vingtième Siècle que de poser les jalons d’une telle histoire. En rappelant d’abord, à nouveaux frais, d’où en vient le projet intellectuel et quels en sont les exigences de méthode et les fragilités. En arpentant, ensuite, au gré d’études novatrices menées par des chercheurs français et étrangers, le domaine des sensations, celui de la vie affective et celui des émotions collectives.

Apparition du goût pour la cuisine exotique, montée du désir sexuel dans la formation des couples, ascension de la catégorie de « victime » sur la scène morale contemporaine : voici quelques-uns des thèmes au sujet desquels l’histoire des sensibilités, libérant la possibilité d’un savoir riche et ambitieux, dessine une autre compréhension du 20e siècle.

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