Exposer l’art français du XIXe siècle en 1900 : la Centennale et la Décennale au Grand Palais

GAY-MAZUEL Audrey, Exposer l’art français du XIXe siècle en 1900 : la Centennale et la Décennale au Grand Palais, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 236 p.+ 200 p. d’annexes

Étudier ensemble, mais sans en gommer les caractères propres, deux expositions rétrospectives de l’art français du XIXe siècle, l’une évoquant les années 1800-1889, et l’autre les dix dernières années du siècle, organisées dans le cadre de l’exposition universelle de 1900 revient à analyser l’organisation étatique d’un programme artistique unique par son ambition.

Cette ingérence du politique dans le monde de l’art lie étroitement cette recherche à la politique culturelle de la IIIe République qui orchestrait l’ensemble. Il s’agissait d’étudier le sens de lecture de l’art que l’État proposait aux 51 millions de visiteurs de l’Exposition universelle, et donc de dégager les partis pris à la fois historiographiques et esthétiques qui sous-tendaient un bilan aussi délicat à dresser que celui d’un siècle rythmé par des révolutions stylistiques et esthétiques, des polémiques entre les académiques, tenants de la tradition, et les novateurs, exclus des circuits officiels de l’art.

Édifié pour l’Exposition, le Grand Palais renfermait une leçon d’art qui célébrait la gloire des beaux-arts français et mettait en relief le déterminisme de son enchaînement progressiste. Afin de dégager ce système de représentations esthétiques, l’étude du contenant, la présentation formelle des œuvres, autant que son contenu, le programme idéologique, était fondamentale. La muséographie, mise en scène des œuvres dans une structure donnée, offre la traduction matérielle du programme théorique de ces expositions. Si Beaux-Arts rimaient toujours avec bazar au Grand Palais, des innovations améliorèrent la condition de l’œuvre. Les artistes et les œuvres exposées, autant que les absents étaient révélateurs d’une lecture par définition partiale et partielle, malgré la volonté d’objectivité des organisateurs d’exposer sans parti pris d’école.

Prélude aux expositions-programmes du xxe siècle par sa Centennale mais encore tourné vers le XIXe siècle pour son exposition-concours de la Décennale, le Grand Palais, par ses contradictions et sa complexité, aussi bien dans le fond que dans la forme, se porte témoin d’une époque plus que d’un siècle.