Conflans (Charenton-le-Pont) : 1959-1971 les dernières années du Petit séminaire de Paris

RICHEZ Arnaud, Conflans (Charenton-le-Pont) : 1959-1971 les dernières années du Petit séminaire de Paris, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1996, 231 p.

Le mémoire porte sur la question de la sélection des candidats à une scolarité au petit séminaire de Paris. Dans le cursus honorum des prêtres, le petit séminaire vient avant le grand séminaire qui prépare directement au sacerdoce. Il s’agit de savoir comment des prêtres chargés de former de futurs clercs choisissaient, parmi plusieurs candidats, les garçons qui suivraient une scolarité religieuse orientée vers le sacerdoce, sans pour autant que cette carrière soit la seule envisageable par les petits séminaristes.

À partir des fiches signalétiques des élèves et des candidats à Conflans, nous avons procédé à une analyse statistique de l’origine géographique et des caractéristiques socio-démographiques des garçons ainsi qu’à une analyse lexicale du vocabulaire du supérieur recruteur à partir de ses notes d’entretien portées sur la fiche. Cette présentation statistique est accompagnée d’une description de la vie quotidienne au petit séminaire de 1959 à 1971, d’une analyse des adaptations de Conflans à son environnement religieux (le Concile Vatican II) et social (Mai 68). Enfin, l’examen des dernières années du petit séminaire permet de rendre compte des hésitations des autorités religieuses quant à l’avenir de l’établissement et des projets nés de la mobilisation du personnel de l’institution.

Le petit séminaire attire deux types de populations : des garçons d’un niveau scolaire faible, issus de familles modestes dont les parents semblent, entretenir un rapport distancié à la religion catholique d’une part ; d’autre part, des garçons plutôt d’un bon niveau scolaire, issus de familles nombreuses situées dans le haut de l’échelle sociale dont les parents se présentent comme des catholiques fervents. D’où l’hypothèse que le petit séminaire attire ces familles pour des raisons différentes. On peut penser que les premières recherchent un moyen peu coûteux de promotion sociale pour leur enfant, tandis que les secondes sont davantage attirées par le caractère religieux de l’établissement.

Les documents consultés aux Archives historiques de l’archevêché de Paris montrent que le supérieur du petit séminaire n’accepte pas uniquement des enfants ayant une vocation affirmée et un désir certain de devenir prêtre. Progressivement, en raison de la crise des vocations, de I’évolution de la doctrine catholique en matière de formation des prêtres avec Vatican II, le petit séminaire s’ouvre plus largement aux enfants sans désir exprimé de vocation sacerdotale. Avec Mai 68, le petit séminaire apparaît en décalage par rapport à son environnement social. Les élèves de terminale profitent des événements pour rédiger un cahier de doléances qui critique les conditions d’enseignement et les partis pris pédagogiques.

Ces remises en cause progressive de l’identité forte du petit séminaire de Paris, comme établissement catholique de référence en matière de formation religieuse, et les critiques multiples à l’encontre de Conflans, venant aussi bien de l’intérieur de l’Église que du corps social, conduisent les évêques à penser que le petit séminaire est devenu obsolète et à décider sa fermeture en 1971.