« ltinérance », vie et œuvre radiophonique d’André Gillois,

GOLDENSTEIN Benjamin, « ltinérance », vie et œuvre radiophonique d’André Gillois, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 336 p.

André Gillois a participé à la vie des médias audiovisuels français trente-cinq années durant. Producteur d’émissions radiophoniques depuis 1934, il exerce également en télévision à compter de 1951. Permanence remarquable : lorsqu’il cesse de produire des émissions régulières, en 1968, seule l’année 1941 ne l’a pas vu sur les ondes ! Ce vaste champ temporel de production nous confrontera à des visages multiples de la radio française et nous permettra d’en envisager l’évolution à travers une perspective non plus centrée sur l’histoire du média, mais sur celle du producteur.

Celui-ci a vécu quatre époques majeures de l’histoire de la radio. Producteur, sous son premier nom, Maurice Diamant-Berger, au Poste parisien de 1934 à 1940, il connaît cet âge d’or de la création radiopho­nique où le média est employé de façon mixte par des groupes privés d’une part et les pouvoirs publics dans une radio d’État d’autre part.

Vient ensuite la Seconde Guerre mondiale, qui consacre le médium radiophonique comme arme de combat. Notre producteur prend alors le nom d’André Gillois et participe à la « guerre des ondes », d’une façon peu commune. Car il rejoint Londres, en 1942, mais du côté des antigaullistes. Nous le retrouverons pourtant en juin 1944 porte-parole du général de Gaulle à la BBC. Entre temps, André Gillois nous aura permis d’illustrer le rôle de la radio durant la guerre et notamment celui des « radios noires » des services secrets britanniques.

Acte III, scène 1 : Octobre 1944. André Gillois rentre à Paris. La radio est alors prise en mains de façon monopolistique par l’État. Les résistants qui s’y retrouvent expriment de fortes exigences pour ce média destiné à témoigner du prestige de la France et à former un citoyen nouveau. André Gillois y participe et nous verrons en détail sa production à la Radiodiffusion Nationale. Très vite pourtant, le contexte sera tout autre. Acte III, scène 2 : Les exigences des tenants de la radio d’État sont désormais mises à mal par la concurrence livrée par les postes privés, dits « périphériques ». Pis encore pour elle : la télévision va bientôt concentrer toutes les passions et reléguer sa cadette au second plan. Notre seconde partie sera consacrée à l’étude de cette production radiophonique puis télévisée, d’André Gillois à la RTF.

Mais ses activités sont multiples et débordent le cadre de la radio. Nous nous intéresserons donc d’abord à l’étude de la vie de ce « touche-à-tout » à la fois producteur, auteur dramatique, essayiste, éditeur, cinéaste, etc. Nous verrons ainsi comment se forme un producteur né avant la radio et comment il témoigne de l’acculturation à ce nouveau média.