« Comoedia » pendant la Seconde Guerre mondiale

GOURANTON Olivier, « Comoedia » pendant la Seconde Guerre mondiale, Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1992, 192 p. + annexes

Comoedia, sous-titré « hebdomadaire des spectacles des lettres et des arts » paraît du 21 juin 1941 au 5 août 1944. Il reprend le titre d’un quotidien d’avant-guerre même s’il s’avère foncièrement différent de celui-ci. Faut-il voir dans Comoedia une éclaircie dans la presse de l’époque ou l’agent d’une collaboration intellectuelle masquée ? Tel est le fil directeur de l’étude qui s’appuie sur des archives (publiques et privées), sur des témoignages, mais aussi sur l’exploitation d’une base de données obtenue en analysant 3 396 articles parus dans Comoedia. Cette base de données est présentée dans un fascicule annexe.

Comoedia apparaît comme un journal ouvert en raison d’une vaste sphère journalistique et d’une gamme très étendue de thèmes. Bien qu’une proclamation d’indépendance soit adressée aux lecteurs dans le premier numéro, Comoedia donne des gages aux Allemands et entretient des liens avec l’Institut allemand. Parmi les articles ayant un intérêt politique qui ne représentent que 4,8 % du nombre total des articles, ce sont les articles pro-Allemands qui sont de loin les plus nombreux. Ils se situent pour la plupart dans la page « Connaître l’Europe ». La vision de Vichy de Comoedia est plutôt positive. Un contre-message, dont la discrétion peut être expliquée par la censure et l’auto-censure, apparaît parfois. Le nombre des articles pro-Allemands, évalué par semestre, est en constante diminution de 1941 à 1944, de sorte que Comoedia évolue vers une certaine neutralité. Carrefour prestigieux, même si le journal ne semble pas être un lieu de vie intense, Comoedia apparaît comme représentatif d’une époque complexe.